Moyen-âge
760 : Pépin le Bref reprend Narbonne, et étend la domination du royaume franc vers le Conflent et le Roussillon.
VIII° siècle : Passage de Charlemagne, expédition contre les Musulmans d’Espagne. Création de la Marca Hispanica, territoire frontalier entre le royaume carolingien et les royaumes musulmans. Le souvenir de l’ancienne Marche d’Espagne est un marqueur profond dans la fondation de l’identité roussillonnaise.
843: le traité de Verdun partage l'empire de Charlemagne entre les 3 fils de Louis le Pieux. Charles le Chauve, devient roi de la Francia Occidentalis (843 - 877).
Le terme « Conflent » est désigné pour la première fois dans un acte écrit. Considéré comme un pays, d’après le terme « pagus » (Confluentatis), il est par la suite annexé par le Comté de Cerdagne en tant que Vicomté avant de passer sous domination du Comté de Barcelone en 1118.
843 : Le roi Charles le Chauve donne la "Villa Prata et l'alleu de Mata avec tous les serfs du Conflent" au Comte de Cerdagne-Conflent, Suniefred.
Le fidèle Suniefred représente l’aide pro-franque de l’aristocratie locale, et pour le récompenser de sa fidélité le roi lui donne le chef-lieu du pagus, située à proximité de l’antique voie romaine, la Via Confluentana ; Prades.
La donation s’arrêtait aux limites du village d’Eus, propriété du Comte Argila, fils de Béra, Comte de Barcelone, ce qui conduisit Sunifred et Argila, pour délimiter leurs propriétés respectives, à édifier dès 844 un mur séparatif (pared de Cavalera, au lieu-dit Liusco, aujourd'hui sité sur le territoire d'Eus) qui exista jusqu'au XIV° siècle.
846: premières mentions d'une église sous le triple vocable de St Sauveur, St Pierre et St Jean.
865 : Le comte Suniefred et son épouse Ermessinde – fille du Comte de Carcassonne - donnent la "Villa Prata" à l'Abbaye de Lagrasse (diocèse de Carcassonne) et son abbé, Andedatus. Un contentieux éclate ensuite entre l’abbé de Lagrasse et le successeur de Suniefred, Salomon. Ce dernier prétendait que le village de Mata, actuelle Saint-Martin de Canoha n’étaient pas inclus dans la donation faite par son père. Le plaid, équivalent du procès à l’époque carolingienne, qui se tient au Château comtal de Pomers (près du village actuel de Clara) donna raison aux gens de Lagrasse et fixa pratiquement les limites actuelles du territoire de Prades. La donation à l’abbaye de Lagrasse sera effective jusqu’en 1589, date à laquelle la ville passa sous domination espagnole.
Suivre le lien, « Jugement inédit de 865 concernant la Ville de Prades » : http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives/HASH4673/839d3a15.dir/0000005614837.pdf
An 1000 : la Catalogne émerge avec ses structures seigneuriales, un territoire, des institutions, un blason, la langue catalane et la religion catholique. Elle devient un bastion puissant entre la France chrétienne et le monde Arabe hispanique (Islam).
Non loin de Prata, construction de l'abbaye romane de St Michel de Cuixa, au rayonnement culturel important.
1014 : mention de l'église primitive St Pierre "Santi Pietri de Prata" construite dans un "château" fortifié avec tours de défense et une "cellera" (1277).
Les derniers vestiges de ce petit réduit fortifié sont le clocher de l’ancienne église romane, de style lombard, construit vers le XIIème siècle ; la tour de l’horloge (qui s’effondra le 15 juin 1852) et la tourelle de la maison de Bordes (détruite au printemps 1959).
"L'alleu de Mata" correspondrait au hameau de Canoà, avec son église romane (XI° s.) de Sant Marti de Canoà. Elleest toujours debout, mais située en propriété privée.
1027 : Concile de Toulouges. En se basant sur le principe wisigoth du caractère sacré dont jouit l'église et du terrain qui l'entoure, soit un équivalent de trente pas autour de l’église. Les ecclésiastiques vont établir confirmer ce périmètre sacré et y interdire le port des armes. Les paysans vont choisir d’y établir des constructions abritant les récoltes, ou cellers : événement qui marque la première mention de la cellera à Prades, celle-ci sera complètement structurée au XIII° siècle. En échange, les tenanciers des cellers versaient une redevance à l'abbaye de LAGRASSE. Au cœur de la cellera, se trouvait la maison du camérier, qui y résidait à l'occasion de ses déplacements et qui était représenté localement par le batlle.
1035 : création du premier canal d'arrosage du Conflent, qui reliait l’actuelle plaine Saint Martin de Prades à Marquixanes.
1126 : Conflent et Cerdagne forment une viguerie dont le siège est à Villefranche de Conflent, et qui sera déplacé à Prades en 1773.
1285: mention du canal d'irrigation "Rec Major" ou "Rec de Dalt", avec nouvelles transactions en 1305 par le roi de Mallorca.
1354: mention du quartier "el Quintar", qui existe toujours.
1387: mention de Bernard Antzine, "Batlle de la ville, chargé de la tranquillité et du bon ordre".
1398 : mention de la statue "Notre Dame de la Volta" de l'église primitive St Pierre (conservée au Trésor sacré de la ville).
Le milieu et la deuxième partie du XIV° siècle furent des années très difficiles (peste noire en 1348, effets des guerres entre le roi de Majorque et celui d'Aragon...), marquées par un déclin démographique et un fort appauvrissement. En effet, le Conflent est très marqué par les tentatives de reconquête majorquine car ses habitants gardent un bon souvenir de leur souverain déchu et il n’est donc pas surprenant de voir des villes, comme Prades ou Vinça, ouvrir leurs portes à Jacques de Montpellier. Toutes ces villes renégates sont sévèrement punies, souvent voient leurs fortifications démantelées, et doivent prêter serment et reconnaître la légitimité du roi d’Aragon. En 1375, Pierre IV d’Aragon se venge des Pradéens à tel point que c’est le pape Grégoire XI qui doit intervenir en leur faveur, et le roi lui répond « les habitants de Prades méritent tous la mort ». Le Conflent est un protagoniste de premier plan dans cette querelle et ne cessera de l’être qu’avec la fin des velléités majorquines envers la couronne d’Aragon. Pourtant, un nouveau conflit se prépare, cette fois-ci entre la France et l’Espagne.
1425 : Prades est régie par 3 consuls, 2 conseils et plusieurs fonctions municipales (clavaires).
1437 : consécration de l'église Saint Côme - Saint Damien (patrons des médecins et chirurgiens, fêtés le 27 septembre). Cette église s'effondra au début du XVIII° siècle et fut rebâtie dans les années 1730 (seconde consécration en 1734). Eglise désaffectée à la Révolution et vendue à des particuliers.