Les Grands Hommes de la Ville de Prades

Dirigez vous vers l'ancien chemin de ronde, de là sur la plaine Saint-Martin vous pourrez admirer au loin, à travers une grande batisse blanche, l'ancien atelier de Gustave Violet 

Gustave Violet

Gustave Violet est un sculpteur, dessinateur, décorateur, écrivain, peintre, potier, architecte. Il va jusqu’à s’essayer au  théâtre  en  traduisant  en  catalan  l’Arlésienne  de Daudet, dont la représentation est donnée à Prades.

Il naît à Thuir en 1873, installe son atelier à Prades en 1903, et il se marie en 1907 avec Marguerite, une belle pradéenne avec qui il a deux enfants. La guerre de 1914 vient interrompre l’œuvre de ce touche à tout, il perd son ami  Louis  Codet  et  revient  traumatisé  de  l’enfer  des tranchées.  Des  suites  de  cette  guerre  il  réalise  de  nombreux monuments aux morts et renouvelle (avec Aristide Maillol) ce type de monument. Prades possède en son cimetière un Monument aux Morts de la guerre 1914 de Gustave Violet, un monument qui allie à la fois sculpture, architecture, fer forgé, bas-relief de bronze et mosaïque.

Thuir, Perpignan, Collioure, Estagel, et Tautavel possèdent également leur Monument aux Morts signé de la main de Gustave Violet.

Joachim Eyt

En 1872, naquît Joachim Eyt, issu d’un milieu agricole modeste, il est le fils d’Antoine et de Marianne Eyt, vivant à la plaine Saint-Martin, alors territoire rural de la ville de Prades.

En 1906, le sculpteur Gustave Violet s’installe à Prades et fait construire à la plaine Saint-Martin son atelier « San Marti » fréquenté par de nombreux artistes. Eyt est un assidu de « San Marti » d’où il tire force et inspiration.

En 1913, Joachim Eyt est peintre en bâtiment et décorateur des façades d’enduits sculptés de la Ville. Son œuvre est interrompue par la 1e guerre Mondiale, la Grande Guerre est terriblement ressentie par Gustave Violet et son microcosme culturel.

La période de l’entre-deux guerres est propice à l’embellissement de la Ville de Prades avec la création de l’Association « La solidarité Pradéenne ». Eyt devient le chef de file de ce mouvement et une personnalité de premier plan pour la Capitale du Conflent.

Joachim Eyt réinvente complètement l’œuvre de gustave Violet, ses sources d’inspiration sont multiples, du monde rural conflentois aux chapiteaux expatriés de l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa. Il va créer des panneaux publicitaires encore visibles de nos jours. Eyt, à l’aide de moulages va également faire revivre les colonnes et chapiteaux de l’abbaye romane de Saint-Michel-de-Cuxa, et placer ses œuvres dans les nouvelles maisons bourgeoises de l’entre deux-guerres et décorer en 1932 le Café de la Paix sur la place de l’église. Pour sa famille, Eyt décore des meubles, il sculpte sur bois différents motifs (roses, marguerites, lignes géométriques, etc.). Ce mouvement artistique original s’arrête en 1939 avec l’entrée de la France dans la 2nde Guerre Mondiale. Même si toutefois un nouveau courant nostalgique du précédent s’impose à Prades dès 1950, et où les nouvelles maisons en marbre rose rappelleront encore par leurs colonnes et leurs chapiteaux, l’art roman du pays Conflentois.

Quant à Joachim Eyt, il décède en 1948 et repose au vieux cimetière de Prades dans le caveau familial « Cazenavette » qu’il avait préalablement fait décorer.

A présent dirigez vous vers l'église afin de contempler le plus grand retable baroque de France, oeuvre de Joseph Sunyer

Joseph Sunyer

1659, le traité des Pyrénées met fin à la guerre franco-espagnole commencée 24 ans plus tôt. Le roi Louis XIV annexe le comté de Roussillon, le Vallespir, le Conflent, le Capcir ainsi qu’une grande partie de la Cerdagne. L’attachement du Roussillon à la couronne française ne va pas altérer de manière brusque et immédiate son identité catalane. Les traditions demeurent, les échanges avec la Catalogne du Sud perdurent dans de nombreux domaines, notamment artistique, les retables roussillonnais en son probablement le plus beau témoignage.

Marqué par le courant baroque, ce mouvement né au lendemain de la Contre-Réforme catholique, l’œuvre du sculpteur Joseph Sunyer est remarquable au regard du patrimoine historique qu’il nous a laissé. De Sunyer, nous ne savons que peu de choses. Les premiers documents relatifs au sculpteur catalan venu de Manresa remontent aux années 1672, lorsqu’il travaille avec son père, Paul Sunyer, à édifier l’autel et le retable de Notre-Dame du Rosaire pour l’église paroissiale de Navarcles. A peine achevé son apprentissage, Joseph Sunyer part continuer sa formation auprès de Luis Generes, autre sculpteur catalan venu de Manresa, et installé à Perpignan, qui a laissé à la postérité une importante production dont le retable de la Trinité de l’église Saint-Pierre de Prades fait aujourd’hui partie.

Dans les années 1690, Sunyer a acquis une certaine renommé, notamment en travaillant auprès de François Grau, un célèbre maître sculpteur, lui aussi catalan.

Commence alors son travail en Roussillon et en Cerdagne. Le 1er janvier 1697, il commence l’édification du retable du maître autel de Prades, dédié à Saint-Pierre. Il termine l’œuvre, aujourd’hui considérée comme le plus grand retable baroque de France, en septembre 1699 et recevra 475 doubles d’or. Ce travail pourrait être considéré comme une œuvre de maturité, de perfection qui définit d’emblée le style si particulier de ce sculpteur si atypique.

Avant même que le retable de Prades ne soit achevé, Sunyer entame la construction d’une décoration pratiquement semblable pour le retable du maître autel de l’église de Collioure. Puis les commandes et les œuvres s’enchaînent ; Osséja, en Cerdagne en 1699, Rô en Cerdagne française en 1704. La même année, Joseph Sunyer qui avait établit sa résidence à Prades quelque temps auparavant perdit son fils Pierre. Le sculpteur continua son travail et ses prouesses à Font-Romeu, à Odeillo, à Vinça, à Caldégas, une œuvre majeure qui constitue un témoignage encore préservé du baroque espagnol de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle. Sunyer repart ensuite travailler exclusivement en Catalogne (peut-être à la suite de la guerre de Succession d’Espagne et du transport du style français en terre espagnole, influencé par la Maison de Bourbon). L’art de Sunyer « s’apaise », il travaille à refaire le mobilier de la cathédrale de Manresa, le retable de la nouvelle église Sainte-Claire de Vich en 1721. Après un passage à Barcelone, le sculpteur vient s’éteindre dans sa maison de Manresa le 14 janvier 1751.

« La valeur des retables roussillonnais de Sunyer est encore accrue par la destruction de la majeure partie de sa production outre-Pyrénées. C’est en Roussillon et en Cerdagne française seulement qu’il est désormais possible d’apprécier les qualités d’un artiste très représentatif d’une époque ». Extrait d’Etudesroussillonnaises.

Et terminez par la Médiathèque...

Les Arts à Prades

Martin Vives

Dessinateur, peintre, humaniste et résistant de renom. Né à Prades, il passe sa petite enfance à Figueres, où il a pour camarade de classe un certain Salvador Dali.

Il se lie d’amitié avec Cocteau, Dufy et Picasso. En 1951, il reçoit  la  Croix  de  Chevalier  de  l’Ordre  de  la  Légion d’Honneur  et la Croix de Guerre avec palme, au titre de ses états de service dans la Résistance de 1940 à 1944. A la Libération, il est nommé conservateur  du  Musée  Rigaud de Perpignan.

La médiathèque de Prades abrite une importante collection dont il a fait don à sa ville natale.

 

Les Belles Lettres de Prades

Thomas Merton

Moine  trappiste, un  des  principaux  écrivains  de  la tradition chrétienne occidentale de la seconde moitié du XXème siècle. Né à Prades d’une mère américaine et d’un père néo-zélandais. Ses écrits militent pour la paix  dans  le  monde  et  la  lutte  contre  la  pauvreté, parmi lesquels figure son  autobiographie « La nuit privée d’étoiles ».

Charles Renouvier

Né à Montpellier et Pradéen d'adoption. Philosophe, mathématicien, historien, économiste et théologien. Fondateur  du  néo-criticisme  et  du  personnalisme, doctrine philosophique consistant en une exaltation des droits de la personne et de la dignité individuelle. Il a laissé une œuvre imposante de plus de 25 000 pages et son dernier travail, la Philosophie analytique de l'Histoire est une véritable somme du savoir. 

Louis Prat

Philosophe, disciple de Charles Renouvier, qui accueille ce dernier à Prades. Continuateur du  personnalisme. Il se lie d'amitié avec Casals, et quelques mois avant sa mort,  il lui écrit et lui  dédie le conteL'Âme  de la Musique, publié en 1950 par les Editions Tramontane.

 

Prades, terre d’accueil pour les réfugiés catalans

Lorsqu’en 1936 éclate la guerre civile de l’autre côté des Pyrénées, d’illustres personnalités comme le philologue Pompeu Fabra (mort et enterré à Prades en 1948) mais surtout Pau Casals, violoncelliste mondialement connu viennent s’installer à Prades pour échapper aux terreurs du régime franquiste et apporter leur soutien aux réfugiés.

Pablo Casals 

Violoncelliste mondialement connu, chef  d’orchestre  et  également compositeur.  Il est né le 29  décembre 1876 à El Vendrell en Catalogne.

Casals est un virtuose dès son plus jeune âge, son modèle est Jean-Sébastien Bach, il débute  le  violoncelle au Conservatoire de Barcelone et son talent va lui permettre de se produire auprès des plus grands de ce monde.

En 1905, il fonde avec Alfred Cortot et Jacques Thibaud un trio  magique  qui  tient  pendant  près  de  30 ans les amateurs sous le charme.

En  1936, lorsqu’éclate la guerre civile en Espagne il s’expatrie en France puis décide de se fixer à Prades, ville proche de la frontière et des camps de réfugiés espagnols auxquels Casals apporte tout le soutien possible. Toujours à  Prades,  il  commence en 1943 la composition de l’oratorio El Pessebre (et composé à partir d’un poème de Joan Alavedra).

En 1945, face à l’indulgence des puissances occidentales envers  le  régime  franquiste, Pablo  Casals  choisit  de protester par le silence, d’abandonner les concerts et de ne plus rejouer en public tant que Franco sera au pouvoir.

En 1950, à l’occasion du bicentenaire de la mort de Bach, il crée en l’église Saint-Pierre de Prades, le premier festival de musique de Prades. Un festival qui encore de nos jours, atteint une grande notoriété.

Ironie  du  sort  peut-être,  Pablo Casals  s’éteint  le  22 octobre 1973 à San Juan de Porto Rico, et ne verra pas la mort du dictateur espagnol. Il repose aujourd’hui dans sa ville natale d’El Vendrell.

Pompeu Fabra

Ingénieur, linguiste catalan, illustre philologue, professeur de chimie, conseiller du Gouvernement de Catalogne en exil, directeur de l'enseignement en catalan, auteur de la  grammaire  et  du  premier  dictionnaire  de  la  langue catalane. Exilé à Prades et où il repose depuis 1948.

En 1948, Pompeu Fabra s’éteint à Prades, la cérémonie a lieu en l’église Saint-Pierre de Prades et est présidée par Pablo Casals lui-même, qui joue pour l’occasion El Cant dels Ocells. Le peintre pradéen Martin Vivès a peint pour cette occasion une huile sur toile montrant l’enterrement de Pompeu Fabra (d’après un croquis de 1948 pris du haut des orgues pendant que Pau Casals jouait).

           

D’autres personnages sont liés à l’Histoire de Prades

François BRANGER(1912-1994) : peintre

Ernest DELAMONT(?) : historien

Paulette DUBOST(1910-2004) comédienne, 124 films à son actif.

Francis GOZE(né à Prades en 1935) et Jean GOZE (1909-2003) : musiciens

Denis JACOMET (1737-1829) premier maire de Prades, membre du Conseil des anciens (1797) et de la chambre des représentants.

Annie de POUS (1908-1991), historienne et archéologue

Le Général Roques (1856-1920), Grand Croix de la Légion d’Honneur, ministre de la Guerre en 1916.

 

C. ROMEIRA - Service Patrimoine de la Ville de PRADES - Juillet 2014

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